Le Géant Egoïste

Titre : Le Géant Egoïste (The Selfish Giant)
Réalisateur : Clio Barnard
Année : 2013
Acteurs : Shaun Thomas, Conner Chapman
Bande-annonce VOSTFR

Petit résumé : Cette fable moderne nous livre le destin d'Arbor et Swifty, deux collégiens déscolarisés dans une Angleterre profonde et pauvre. L'un est hyper-actif et perdu, l'autre est trop sage et mature pour son âge. Les deux cherchent un moyen de s'en sortir, de vivre. Ils s'associent donc à Kitten, un ferrailleur sans scrupules, et lui ramène des métaux divers et volés afin que l'homme construise des chars pour des courses de chevaux illégales. Mais cette collaboration aura des limites....



Note : 8/10

Critique : C'est dans cette atmosphère désolée et malsaine qu'évoluent nos deux protagonistes. Leur petite taille ne les rend pas naïf ou innocents, ils semblent avoir plus vu le monde que la plupart des centenaires. Mais ce monde paraît être également trop lourd à porté pour leur frêles épaules. Arbor doit à la fois gérer ses propres soucis, s'occuper de sa mère qui est dépassée par le comportement de son fils aîné, junkie et voleur. Swifty fait tout pour satisfaire sa mère, battue par son mari, et ses innombrables frères et sœur. Les deux sont garants de la sécurité et du bien-être des adultes. Les rôles sont inversés.
Clio Barnard, la réalisatrice, présente son œuvre comme une libre adaptation moderne du conte d'Oscar Wilde, le Géant Egoïste. Les similitudes sont difficiles à détecter, mes bien présentes. Le jadrin du géant est remplacé par une vaste casse à ferraille. L'enfant mystérieux de l'arbre est Swifty, emprunt de bonté et de joie, d'ambition et d'intelligence. Le Géant est-il Kitten ? Un être solitaire, qui ne s'éveille qu'au contact de la jeunesse ? La décharge n'est vivante que lorsque les enfants y sont présents. Mais le temps y est toujours gris, le Printemps tant attendu ne pointera jamais le bout de son nez.
Ce film, à l'intrigue si simple, est un petit chef d'oeuvre. Ses personnages nous prennent au tripes, nous font rire, verser des larmes, nous émerveillent. Les deux jeunes acteurs n'y sont pas pour rien, avec un jeu tellement réaliste qu'il en devient bouleversant. Pourtant amateurs, Conner Chapman et Shaun Thomas nous éblouissent dans leur rôle respectifs.
La mise en scène est également très réussie. Les paysages dévastés font contraste avec l'univers fantastique d'Oscar Wilde. Les couleurs des décors restent ternes, traduisant l'ennui et le désespoir de ses habitants. Certaines scènes frôlent pourtant l’irréel, avec notamment la course de chevaux en plein milieu d'une route, entourée de voitures. Enfin, le dénouement de ce conte si peu fabuleux est un vrai choc, qui restera gravé dans les mémoires de ses spectateurs.
Le Géant Egoïste est donc une pépite inattendu et sans prétention, qui ne laissera personne indifférent. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire