Réalisateur : Isao Takahata
Année : 2014
Bande annonce
Petit résumé : Petite fille trouvée dans une pousse de bambou par un paysan, la Princesse Kaguya grandit plus vite que son ombre et est douée de talents extraordinaires. Ses parents adoptifs, de modestes mais aimants paysans décident de l'installer à la capitale pour lui offrir une éducation raffinée et stricte. Loin de ses repères la Princesse, vive, joyeuse, talentueuse et d'une beauté incomparable doit s'adapter à ce nouveau mode de vie et surtout aux hommes qui la convoitent. Eprise de liberté, elle oblige ses nobles prétendants à accomplir l'irréalisable pour obtenir sa main.
Note : 9/10
Critique : On connaît surtout le studio Ghibli
pour son autre fondateur, le déjà regretté (car retraité) Hayao Miyazaki. Mais
Isao Takahata n'est pas en reste avec des œuvres d'animations
majeures, comme le terriblement magnifique Tombeau des Lucioles .
Ne vous laissez pas tromper par les dessins : ses œuvres ne
sont pas forcément tout public. Certaines caractéristiques se
retrouvent entre les deux réalisateurs: un point de vue réaliste
sur les traditions et l'histoire japonaise, un amour pour la nature,
une poésie à toute épreuve. Donc si vous aimez l'un, n'hésitez
pas à découvrir l'autre !
Takahata est surtout spécialisé dans
l'adaptation plus que la création. Le Conte de la Princesse Kaguya
ne fait pas exception, puisque c'est la retranscription du conte
traditionnel « Kaguya-Hime » ou « Conte du coupeur
de bambous ». Avec ce texte fondateur de la littérature
japonaise, Takahata s'attaque à un monument culturel. Mais il a su y
apporter une touche unique, qui rend ce conte empreint de mélancolie complètement féérique. Il apporte
aussi quelques changements à l'histoire originale. Les personnages y
sont très nuancés et plus approfondis. Notamment le père de la
Princesse, aveuglé par son admiration pour sa fille et des coutumes
qui le dépassent. Kaguya est, elle aussi, un personnage assez profond, car tiraillée par ses propres rêves et enfermée par les conventions. C'est une entité féminine forte, attachante et drôle qui correspond très bien à l'univers et la vision de la femme par les studios Ghibli.
Takahata a toujours su s'imposer grâce
à une force : sa capacité à utiliser un style de dessins
différent pour chaque film. S'il ne dessine pas lui-même, il dirige
des artistes variés, tous novateurs. Dans Mes voisins les Yamadas,
les traits étaient enfantins, se rapportaient à de la
bande-dessinée, du manga. Dans Le Tombeau des Lucioles, l'animation
était plus réaliste, avec un tracé plus assuré, plus terre à
terre. Dans le Conte de la princesse Kaguya, le réalisateur choisit
de mettre en valeur un dessin aérien, presque des esquisses. On
retrouve des couleurs en aquarelle, un rappel de l'encre de Chine...
La tradition japonaise est ainsi rappelée au-delà de l'histoire,
avec cohérence, élégance et poésie. Le tout est accompagné de
l'envoûtante musique de Joe Hisaichi, compositeur phare du studio.
On ne finira jamais de vanter les mérites de ce compositeur, qui
nous a déjà ému plus d'une fois dans les réalisations de
Miyazaki, comme le récent Le Vent se Lève.
Tel un réalisateur de films
traditionnels, Takahata varie les effets, comme s'il utilisait une
caméra. Dès les premières secondes, le spectateur est ainsi pris
dans l'histoire, et n'en décrochera pas pendant plus de deux heures
et quart. Si le film peut paraître un peu long, il sait tout de même
nous tenir en haleine : on attend désespérément un
retournement de situation jusqu'à la dernière seconde.
Le Conte de la Princesse Kaguya nous
donc emporte dans le folklore japonais, dans une romance
attendrissante, dans une famille attachante, dans un destin hors du
commun. Cette petite perle n'est donc à manquer sous aucun prétexte
au cinéma, puisque le grand écran apporte encore plus de magie à
cette magnifique œuvre d'animation.
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