Welcome.

Bonjour bonjour les cinéphiles,

Bienvenue sur Burn-after-watching. Ce blog sera surtout consacré à des critiques de films, aux sorties en salles et aux nouveautés dans le monde magnifique et merveilleux du cinéma.
Je suis assez novice en matière de blog (soyez donc indulgents et ne vous enfuyez pas tout de suite en courant si c'est possible), mais les films et l'écriture sont mes deux plus grandes passions, il était donc temps de les réunir et de faire partager ma jeune expérience en la matière.
Ici, vous trouverez de tout : du classique au Blockbuster en passant par les films indépendants, rien ne sera épargné. J'essaierai de varier les plaisirs au niveau des genres en traitant des comédies comme des drames. Tous les films ne sont peut-être pas bon à voir, mais ils sont tous dignes d'être critiqués, dans le bon ou mauvais sens du terme.
Alors, n'hésitez pas à faire un tour, à laisser des commentaires si l'envie vous prend, ou à juste profiter pour découvrir ou redécouvrir de nouvelles choses, car après tout, c'est à ça que sert l'internet mondial.

Bonne lecture à tous et à toutes !




Le Conte de la Princesse Kaguya

Titre : Le Conte de la Princesse Kaguya (Kaguya Hime)
Réalisateur : Isao Takahata
Année : 2014
Bande annonce

Petit résumé : Petite fille trouvée dans une pousse de bambou par un paysan, la Princesse Kaguya grandit plus vite que son ombre et est douée de talents extraordinaires. Ses parents adoptifs, de modestes mais aimants paysans décident de l'installer à la capitale pour lui offrir une éducation raffinée et stricte. Loin de ses repères la Princesse, vive, joyeuse, talentueuse et d'une beauté incomparable doit s'adapter à ce nouveau mode de vie et surtout aux hommes qui la convoitent. Eprise de liberté, elle oblige ses nobles prétendants à accomplir l'irréalisable pour obtenir sa main.


Note : 9/10

Critique : On connaît surtout le studio Ghibli pour son autre fondateur, le déjà regretté (car retraité) Hayao Miyazaki. Mais Isao Takahata n'est pas en reste avec des œuvres d'animations majeures, comme le terriblement magnifique Tombeau des Lucioles . Ne vous laissez pas tromper par les dessins : ses œuvres ne sont pas forcément tout public. Certaines caractéristiques se retrouvent entre les deux réalisateurs: un point de vue réaliste sur les traditions et l'histoire japonaise, un amour pour la nature, une poésie à toute épreuve. Donc si vous aimez l'un, n'hésitez pas à découvrir l'autre !
      Takahata est surtout spécialisé dans l'adaptation plus que la création. Le Conte de la Princesse Kaguya ne fait pas exception, puisque c'est la retranscription du conte traditionnel « Kaguya-Hime » ou « Conte du coupeur de bambous ». Avec ce texte fondateur de la littérature japonaise, Takahata s'attaque à un monument culturel. Mais il a su y apporter une touche unique, qui rend ce conte empreint de mélancolie complètement féérique. Il apporte aussi quelques changements à l'histoire originale. Les personnages y sont très nuancés et plus approfondis. Notamment le père de la Princesse, aveuglé par son admiration pour sa fille et des coutumes qui le dépassent. Kaguya est, elle aussi, un personnage assez profond, car tiraillée par ses propres rêves et enfermée par les conventions. C'est une entité féminine forte, attachante et drôle qui correspond très bien à l'univers et la vision de la femme par les studios Ghibli. 
      Takahata a toujours su s'imposer grâce à une force : sa capacité à utiliser un style de dessins différent pour chaque film. S'il ne dessine pas lui-même, il dirige des artistes variés, tous novateurs. Dans Mes voisins les Yamadas, les traits étaient enfantins, se rapportaient à de la bande-dessinée, du manga. Dans Le Tombeau des Lucioles, l'animation était plus réaliste, avec un tracé plus assuré, plus terre à terre. Dans le Conte de la princesse Kaguya, le réalisateur choisit de mettre en valeur un dessin aérien, presque des esquisses. On retrouve des couleurs en aquarelle, un rappel de l'encre de Chine... La tradition japonaise est ainsi rappelée au-delà de l'histoire, avec cohérence, élégance et poésie. Le tout est accompagné de l'envoûtante musique de Joe Hisaichi, compositeur phare du studio. On ne finira jamais de vanter les mérites de ce compositeur, qui nous a déjà ému plus d'une fois dans les réalisations de Miyazaki, comme le récent Le Vent se Lève.
      Tel un réalisateur de films traditionnels, Takahata varie les effets, comme s'il utilisait une caméra. Dès les premières secondes, le spectateur est ainsi pris dans l'histoire, et n'en décrochera pas pendant plus de deux heures et quart. Si le film peut paraître un peu long, il sait tout de même nous tenir en haleine : on attend désespérément un retournement de situation jusqu'à la dernière seconde.
       Le Conte de la Princesse Kaguya nous donc emporte dans le folklore japonais, dans une romance attendrissante, dans une famille attachante, dans un destin hors du commun. Cette petite perle n'est donc à manquer sous aucun prétexte au cinéma, puisque le grand écran apporte encore plus de magie à cette magnifique œuvre d'animation.  

Le Vent se Lève

Titre : Le Vent se Lève
Réalisateur : Hayao Miyazaki
Année : 2014
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt
Bande-annonce



Petit résumé : Le Vent Se Lève raconte la véritable histoire de Jiro Horikoshi, le créateur de l’avion zéro, soit la machine utilisée par les japonais lors de l’attaque de Pearl Harbor durant la seconde guerre mondiale. On observe le jeune ingénieur rêveur et naïf dans un Japon dévasté par les catastrophes naturelles et la crise économique. Epris d’innovation, le jeune héros va s’affirmer aux côtés de la belle Nahoko, une jeune fille qu’il avait aidé durant sa jeunesse et dont il est toujours follement amoureux. Mais autant dans son travail qu’en amour, Jiro comprendra vite que rien n’est simple…. 

Note : 9/10 

Critique : Devant ce synopsis aux couleurs sombres, nous pourrions nous attendre à un film controversé, valorisant le créateur d’une machine de guerre. Mais ce serait mal connaître Hayao Miyazaki. Pour son ultime long-métrage d’animation, le grand réalisateur nous offre une œuvre historique, dure, mais pourtant d’une poésie et d’une beauté immense et surtout bouleversante. Pacifique jusqu’au bout, il fait de Jiro un doux inventeur qui ne rêve que d’avion et de beauté technique. La guerre, les conflits et l’argent ne l’intéressent pas. Lui, ce qu’il veut, c’est voir ses créations voler, et il y met autant d’âme que n’importe quel artiste.
       Mais au delà du portrait de ce héros, se cache surtout le portrait terrifiant et réaliste du Japon de l’époque, pauvre, en retard au niveau technologique et en proie à un séisme dévastateur. Cette scène est d’ailleurs l’une des plus spectaculaire du film. Miyazaki a su y ajouter une dose dramatique grâce à un jeu inédit avec les sons : chaque bruitage du séisme de Tokyo est fait avec la voix et la bouche. Comme si la Terre grondait, littéralement. Miyazaki est réputé pour son engagement écologique, et cette touche est une piqûre de rappel pour ses plus grands fans. Sans oublier sa collaboration avec Joe Hisaichi, son fidèle compositeur, qui nous offre une BO aussi magnifique qu’émouvante. Encore une fois, les passionnés ne seront pas dépaysés.
        Pourtant, ce film est différent des autres. Notamment grâce (ou à cause, au choix) de ses personnages. Jiro est le personnage principal le plus réaliste et humain de tous les Miyazaki confondus. Réaliste, car imparfait. C’est un homme plutôt sérieux, renfermé, ambitieux et parfois égoïste. Il place sa passion avant tout le reste. Malgré ses bons sentiments et sa gentillesse, il ne saura jamais se séparer de son rêve, pour lequel il est capable de tout sacrifier, même le bonheur de ses semblables. Nahoko est aussi singulière, puisqu’elle est bien plus discrète que tous les autres personnages féminins chez Miyazaki. Le réalisateur est pourtant connu pour ses personnages féminins très affirmés, souvent très valorisés, car courageux et héroïques. Mais ici, Nahoko est surtout la béquille de Jiro, sans elle il ne serait rien, mais elle n’existerait pas non plus sans lui. Seule la petite sœur de Jiro semble correspondre aux habitudes du réalisateur, avec son fort caractère et ses répliques comiques (les plus attentifs remarqueront d’ailleurs sa ressemblance avec Ponyo, autre héroïne de Miyazaki). Enfin, même si c’est un thème souvent abordé par le réalisateur (notamment dans le trop peu connu Porco Rosso), les avions ont le rôle principal dans ce film. Ils sont partout : au travail de Jiro, dans ses rêves, dans les airs, sur terre, sur mer. Ils explosent, ils parcourent les nuages. Ils sont fait de bois ou de métal. Sachez-le : Le Vent se Lève est bien plus technique, car historique. Mais ne vous laissez-surtout pas décourager par la présence importante de ces engins : sous le coup de crayon de Miyazaki, ils deviennent éblouissants. Ce dernier film du grand maître de l’animation est donc plus sombre, mais reste d’une grande beauté, avec des personnages complexes mais toujours attachants.
      L’ingénieur Caproni, le héros de Jiro, déclare dans le film "une vie de création ne dure que dix ans". Et, après plus de 10 ans de travail acharné, Hayao Miyazaki nous a offert ici un magnifique dernier vol. Une page se tourne donc dans le monde de l’animation. Mais comme le répètent si bien les personnages du film comme un éternel refrain : « Le Vent se lève ! Il faut tenter de vivre ».

Le Géant Egoïste

Titre : Le Géant Egoïste (The Selfish Giant)
Réalisateur : Clio Barnard
Année : 2013
Acteurs : Shaun Thomas, Conner Chapman
Bande-annonce VOSTFR

Petit résumé : Cette fable moderne nous livre le destin d'Arbor et Swifty, deux collégiens déscolarisés dans une Angleterre profonde et pauvre. L'un est hyper-actif et perdu, l'autre est trop sage et mature pour son âge. Les deux cherchent un moyen de s'en sortir, de vivre. Ils s'associent donc à Kitten, un ferrailleur sans scrupules, et lui ramène des métaux divers et volés afin que l'homme construise des chars pour des courses de chevaux illégales. Mais cette collaboration aura des limites....



Note : 8/10

Critique : C'est dans cette atmosphère désolée et malsaine qu'évoluent nos deux protagonistes. Leur petite taille ne les rend pas naïf ou innocents, ils semblent avoir plus vu le monde que la plupart des centenaires. Mais ce monde paraît être également trop lourd à porté pour leur frêles épaules. Arbor doit à la fois gérer ses propres soucis, s'occuper de sa mère qui est dépassée par le comportement de son fils aîné, junkie et voleur. Swifty fait tout pour satisfaire sa mère, battue par son mari, et ses innombrables frères et sœur. Les deux sont garants de la sécurité et du bien-être des adultes. Les rôles sont inversés.
Clio Barnard, la réalisatrice, présente son œuvre comme une libre adaptation moderne du conte d'Oscar Wilde, le Géant Egoïste. Les similitudes sont difficiles à détecter, mes bien présentes. Le jadrin du géant est remplacé par une vaste casse à ferraille. L'enfant mystérieux de l'arbre est Swifty, emprunt de bonté et de joie, d'ambition et d'intelligence. Le Géant est-il Kitten ? Un être solitaire, qui ne s'éveille qu'au contact de la jeunesse ? La décharge n'est vivante que lorsque les enfants y sont présents. Mais le temps y est toujours gris, le Printemps tant attendu ne pointera jamais le bout de son nez.
Ce film, à l'intrigue si simple, est un petit chef d'oeuvre. Ses personnages nous prennent au tripes, nous font rire, verser des larmes, nous émerveillent. Les deux jeunes acteurs n'y sont pas pour rien, avec un jeu tellement réaliste qu'il en devient bouleversant. Pourtant amateurs, Conner Chapman et Shaun Thomas nous éblouissent dans leur rôle respectifs.
La mise en scène est également très réussie. Les paysages dévastés font contraste avec l'univers fantastique d'Oscar Wilde. Les couleurs des décors restent ternes, traduisant l'ennui et le désespoir de ses habitants. Certaines scènes frôlent pourtant l’irréel, avec notamment la course de chevaux en plein milieu d'une route, entourée de voitures. Enfin, le dénouement de ce conte si peu fabuleux est un vrai choc, qui restera gravé dans les mémoires de ses spectateurs.
Le Géant Egoïste est donc une pépite inattendu et sans prétention, qui ne laissera personne indifférent. 

Le Cinquième Pouvoir

(critique initialement rédigée pour efflorescence culturelle)

Titre : Le Cinquième Pouvoir (The Fifth Estate)
Réalisateur : Bill Condon
Année : 2013
Acteurs : Benedict Cumberbatch, Daniel Brühl, Laura Linney, Stanley Tucci
Bande-Annonce VOSTFR

Petit résumé : WikiLeaks est un site de partage d'informations ultra-secrètes, en vue d'être révélées pour que le monde entier sache ce qui se passe derrière les portes fermées des bureaux présidentiels. Cette création par Julian Assange, rebelle aux cheveux clairs, épaulé par Daniel Domscheit-Berg
un gentil geek aux ambitions infinies, n'est pourtant pas sans conséquences.... Comment ces deux hommes ont-ils pu, en quelque mois, révolutionner l'information ? En instaurant un règne nouveau : celui du Cinquième Pouvoir.  



Note : 3/10

Critique : Depuis quelques années maintenant, internet est une vedette pour les réalisateurs et scénaristes. Entre The Social Network ou encore une série sur Twitter qui ne devrait pas tarder à apparaître sur vos petits écrans, internet fascine. Le Cinquième Pouvoir ne déroge pas à la règle, en abordant le plus controversé des sites : WikiLeaks, à l'origine de révélations chocs qui causèrent des crises diplomatiques.
Ce film avait donc un grand potentiel, avec son questionnement sur les limites de la transparence de l'information ou avec sa biographie de Julian Assange, un personnage mystérieux et inaccessible.
Pourtant, ça ne prend pas. Le Magazine Forbes révèle que Le Cinquième Pouvoir fait partie du Top 10 des plus grands flops cinématographiques de l'année. Pourquoi ?
Tout d'abord pour sa réalisation plus que bancale. Bill Condon, connu pour être le réalisateur de Twilight (qui n'est clairement pas une référence à mettre en valeur sur un CV) en fait tout simplement trop. Il joue sur des métaphores, sur des effets de styles inutiles, comme des codages toutes les deux scènes, des prises de vues en hélicoptères à chaque fois que l'on change de ville avec un écriture en rouge criarde, comme dans un mauvais film d'action.... C'est fouilli, c'est long, c'est décevant. Les scènes sont tournées sans originalité, les dialogues ne sont pas clairs.
On pourrait donc s'attendre à ce que le casting de rêve remonte le niveau du film. Eh bien non ! Malgré son talent reconnu, Benedict Cumberbatch ne crève pas l'écran dans son interprétation de Julian Assange. On lui offre un rôle assez plat et prévisible, en faisant de lui un homme à la limite de la folie, avec un passé évidemment trouble et sombre, qui ne sait pas s'arrêter. Daniel Brühl est logé à la même enseigne, avec son rôle de second, soumis, tiraillé, en admiration devant son héros. Les deux n'ont pas l'opportunité de briller, avec ces personnages aux histoires vue et revues. De plus les seconds rôles des diplomates américains ne sont absolument pas mis en valeur. Laura Linney et Stanley Tucci ne semblent être présents que pour rajouter des beaux noms à cette production qui en avait apparemment bien besoin. Cela n'a pourtant pas été suffisant.
Le Cinquième Pouvoir est donc un film très décevant, surtout en vue de sa bande-annonce plutôt alléchante et de son casting riche. Passez votre chemin, il n'y a malheureusement pas grand chose à voir.  

Inside Llewyn Davis

Titre : Inside Llewyn Davis
Réalisateurs : Joel et Ethan Cohen
Année : 2013
Acteurs : Oscar Isaac, Carey Mulligan, John Goodman, Justin Timberlake
Bande-Annonce VOSTFR

Petit résumé : Greenwich Village, New-York, 1961. Llewyn Davis est un chanteur de folk parmi tant d'autres, errant dans les rues enneigées de la Grosse Pomme, à la recherche de succès après la disparition de Mike, son partenaire. Le musicien cherche reconnaissance et carrière et avance, au gré des canapés qu'on lui offre d'occuper et des concerts aux rentes de misère qu'on lui propose. Accompagné d'un chat roux et de sa simple guitare, Llewyn nous emmène dans ses aventures, parfois désastreuses, dans une Amérique aux airs rétros.



Note : 7/10

Critique : Qu'on se le dise : Inside Llewyn Davis n'est pas un film foncièrement joyeux. Si vous cherchez un film musical et gai, aux chansons entraînantes et aux personnages fantasques, passez votre chemin. Certes, Joel et Ethan Cohen ont su faire preuve d'un humour unique et décalé dans beaucoup de leur précédents films (comme Burn After Reading, pour n'en citer qu'un). Mais les deux réalisateurs de renom ont aussi une facette cinématographique bien plus sombre, plus fataliste, qui s'est déjà révélé dans notamment No Country for Old Men et qui s'exprime de nouveau aujourd'hui, dans leur nouvelle oeuvre.
D'ailleurs, le personnage de Llewyn est tout sauf héroïque. C'est un homme des rues, cynique, égoïste, talentueux, malchanceux au possible, un peu loser et surtout complètement perdu. Pourtant, avec sa voix profonde, ses yeux fatigués et ses répliques cassantes, il est impossible de ne pas s'attacher au personnage, de ne pas souhaiter sa réussite tout au long du film. Surtout lorsqu'il est accompagné de ses compagnons de galère : Jean, la caractérielle et hilarante femme de Jim, le musicien gentiment idiot, naïf qu'il en devient risible. Les frères Cohen savent jouer avec leurs personnages, tantôt extravagants, tantôt d'une sobriété et d'une simplicité folle. Ils s'amusent avec les genres, mélangeant drame et comique, sans que le film ne devienne bancal.
Cependant, les réalisateurs ont été connus plus vifs, plus subversifs, moins statiques. Certains choix restent assez inattendus, notamment un passage où Llewyn est pris en stop par deux personnages plus étranges l'un que l'autre, pour faire un tour à Chicago dans l'espoir de dénicher un contrat. On y rencontre Roland Turner, un vieil homme aigri, rongé par l'âge, la drogue et l'alcool. Devenu presque gâteux, l'homme est un personnage totalement décalé, surprenant, mais malheureusement pas assez creusé. Durant cet extrait, extrêmement long, toute la salle s'attend à une action particulière, en vain. Ces scènes rompent le rythme du film, déjà assez lent, et cassent une certaine dynamique en alourdissant le film.
Mis à part ce point faible, Inside Llewyn Davis est un film à ne pas manquer. D'abord grâce à sa bande-son, chantée (sans play-back, s'il vous plaît) par les acteurs, qui enchante nos oreilles et donne une atmosphère mélancolique, nostalgique au New-York des 1960's. Puis, et surtout, grâce à son casting de rêve avec un Oscar Isaac, brillant, juste et plus que convaincant dans le rôle de Llewyn, le salaud au grand coeur lourd. Carey Mulligan nous offre une Jean pétillante, et doucement provocante. Justin Timberlake, dans le rôle plus en retrait de Jim, reste simple, mais efficace, en changeant de registre artistique pour chanter de la folk. Enfin, John Goodman, l'acteur phare des frères Cohen, est convaincant dans son incarnation de Roland, le vieillard à la fois intimidant et fragile.
Ce film, s'inspirant librement et respectueusement de la vie du musicien Dave Von Ronk est un hommage. Une ode aux Etats-Unis d'antan, aux chanteurs sans le sous comme Bob Dylan à ses débuts, (que l'on aperçoit rapidement pour les plus attentifs) qui ne se nourrissaient que de musique matin et soir. Pleins de charme et d'émotion, Inside Llewyn Davis est un film à ne rater sous aucun prétexte pour les amoureux de la folk, et des frères Cohen.

Gravity

Titre : Gravity 
Réalisateur : Alfonso Cuaron
Année : 2013
Acteurs : Sandra Bullock, George Clooney

Petit résumé : le colonel Matt Kowalski et la chercheuse Ryan Stone se trouvent à l'extérieure la navette spatiale Explorer pour y effectuer des tests de routine lorsque des débris spatiaux heurtent la navette, ne laissant aucun survivant. Seuls dans l'espace infini et silencieux, ils vont tout faire pour s'en sortir...



Note : 8/10

Critique : Quoi de plus angoissant que l'infini ? Cette notion difficile à définir, à percevoir. Dans Gravity, l'espace est immense, grand, interminable. Le silence y est d'or. Ce calme peu rassurant est le facteur le plus oppressant du film. Il augmente la tension, cloue les spectateurs sur leurs sièges. Mais le pire n'est pas de l'observer, mais bien de le vivre. Grâce à une prouesse visuelle, on a l'impression d'y être. L'immensité de l'univers devient presque palpable, la détresse des personnages, livrés à eux-même n'en est que plus terrifiante. Toute l'intelligence et la magie du film reposent sur cette intrusion du public dans le film, avec une 3D plus vraie que nature. 
Gravity n'est pas un film au fond révolutionnaire. Comme Avatar il n'y a pas si longtemps, ce film s'impose par son visuel incroyable et non par son histoire atypique. Ne vous attendez pas à des miracles scénaristiques, vous seriez déçus. L'histoire est simple oui, mais surtout efficace et ne part pas dans des artifices inutiles. Il faut donc simplement s'asseoir et profiter du voyage. Admirer la décontraction de George Clooney dans son rôle léger et à double tranchants de Matt Kowalski, applaudir la performance tout en force et en émotion de Sandra Bullock, plonger son regard dans les étoiles ou littéralement se prendre un débris dans la tronche : l'expérience cinématographique est totale. 
Gravity est sans conteste un film à grand écran : la magie n'opérerait plus sur un écran de salon, malgré le travail remarquable d'Alfonso Cuaron qui nous offre une réalisation novatrice et intense. Ce film est un voyage sensoriel, une redécouverte de nos sens. Le spectateur se pose humblement devant ce grand spectacle qui le dépasse. Notamment par la technique : nous qui pensions regarder des acteurs devant un fond vert (la seule technique cinématographique réellement connue de tous), regardions finalement des pixels. Les acteurs ne sont pas réellement présents dans les séquences, puisque tout a été tourné en performance capture, une technique qui capte le jeu des acteurs pour les transposer sur un support numérique. Dans Gravity, tout est numérique, mais pourtant très fluide, incroyablement réaliste : il faut le savoir pour le croire. Ce film nous prouve une fois de plus que le cinéma est un art sans limite, à l'imagination technique débordante. 
En bref, il est temps de foncer dans les salles obscurs afin de perdre pieds devant Gravity